La classification des services dans la couche optique peut être envisagée à partir du niveau de sécurisation.

•  Une première classe de services correspond à la mise en œuvre de mécanismes de protection dédiée, équivalents à la protection de conduit sur les anneaux SDH. Chaque canal optique de cette classe est diffusé sur deux chemins disjoints physiquement.

•  Une seconde classe s'appuiera sur la sécurisation par re-routage dynamique via le plan de commande. En cas de panne dans le réseau, les équipements de brassage optique utilisent la ressource de réserve partagée pour acheminer les demandes de cette classe de service affectées par la panne.

•  Le service de classe inférieure serait un service de bande passante non sécurisée, voire un service de bande passante "préemptible", c'est-à-dire transportée sur des ressources de réserve susceptibles d'être mobilisées pour des besoins prioritaires (de la classe 2 par exemple).

 La définition de ces trois, voire quatre niveaux de services dans la couche de liens optiques répond à des exigences différentes liées à l'articulation entre la couche optique et les couches clientes. Les ordres de grandeur annoncés sont compatibles avec les 50 ms de la protection APS pour la première classe de service, tandis que les mécanismes de re-routage dynamiques requièrent plusieurs centaines de millisecondes pour rétablir la bande passante. La différence entre les offres avec protection dédiée et sécurisation par re-routage dynamique souligne le compromis classique :

•  mieux optimiser la ressource nécessaire à la sécurisation du réseau grâce à l'intelligence des mécanismes de re- routage ne peut se faire qu'au prix d'un allongement du temps de reconfiguration.

• Les services non sécurisés dans la couche optique reposent quant à eux sur les mécanismes de sécurisation des couches clientes. Cet éventail d'offre de longueurs d'onde plus ou moins sécurisées met en relief la valeur ajoutée par les équipements de brassage et le plan de commande de la couche optique.

• La planification du réseau doit analyser l'équilibre économique entre la demande pour ces différentes offres et une utilisation plus ou moins optimale des ressources de transmission.

•  L'élasticité de la demande (c'est-à-dire l'augmentation naturelle de la demande engendrée par la baisse des prix) complique cet équilibre : en l'occurrence, le prix du service "préemptible" doit être fixé suffisamment bas pour rendre le service attractif en dépit de l'absence de garantie sur les ressources, mais suffisamment haut pour limiter la demande à ce que les ressources de réserve déjà installées permettent d'acheminer.

 En effet, le volume admissible de demandes "préemptibles" est limité car elles utilisent la ressource de réserve déjà installée. Une autre classification possible des futurs services de la couche optique peut être envisagée à partir du temps d'établissement et de la durée de mise à disposition de la bande passante. On distinguera ainsi:

•  la bande passante semi permanente

•  la bande passante avec mise à disposition rapide (fast provisioning)

•  la bande passante à la journée, heure, voire à la minute

 Ce type d'offre est certes en rupture avec les besoins classiques des réseaux fondés sur la SDH, dont l'évolution des capacités de transmission est progressive et quasi permanente. La définition de ces niveaux de service répond à des besoins de réseaux et à des stratégies de planification différents. La dynamique qui peut justifier ce type d'offre repose, d'une part sur les besoins de reconfiguration fréquents de la couche de données (bande passante importante pendant une durée courte), d'autre part sur le contexte de concurrence sur le marché de mise à disposition de capacités de transmission. Les fonctionnalités d'un plan de commande "intelligent" caractérisent la définition de ces offres adaptées au marché de fournisseur de bande passante (carriers' carrier). Là aussi, la maximisation du profit est un véritable défi pour l'opérateur. Le choix d'une tarification optimale requiert une bonne connaissance du marché de la bande passante (bandwidth trading). Ces deux critères de classification des services de transport au niveau de la longueur d'onde dans une couche optique intelligente mettent l'accent sur deux axes fonctionnels du réseau :

•  la capacité d'aiguillage des longueurs d'onde par les nœuds

•  la possibilité de reconfiguration de cette fonction d'une part pour sécuriser le réseau et d'autre part, des mécanismes dynamiques de gestion de la bande passante.

En schématisant, on peut voir là les deux éléments constitutifs de la couche optique :

•  le plan de transfert des machines de brassage correspondant à la fonction d'aiguillage reconfigurable

• le plan de commande du réseau apportant les éléments logiciels nécessaires à la dynamique du réseau.