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Le choix d'un niveau de transparence dans le réseau : interfaces
avec les systèmes de transmission
Plusieurs options techniques sont possibles quant à l'interface
entre brasseurs et équipements WDM :
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la présence d'interfaces non colorées
(black and white) aux ports du brasseur constitue une solution indispensable
dans le cas d'une technologie de cœur de matrice électronique. Elle peut être
défendue aussi pour des besoins de gestion des fautes (localisation des fautes)
dans le cas de matrices optiques. Dans ce dernier cas cependant, ces interfaces
réduisent l'intérêt économique de l'option tout optique, ainsi que la simplicité
d'upgrade en cas de changement de débit par longueur d'onde
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la présence
d'interfaces colorées aux ports de brasseurs permet d'économiser une conversion
électronique/optique par port en jouant le rôle des transpondeurs des sites
terminaux WDM. Cette solution impose cependant une contrainte d'adaptation des
plans de longueurs d'onde et de compatibilité entre interfaces colorées et
systèmes de transmission. D'autre part, cette solution n'est pas acceptable dans
le cas d'une migration à partir d'un réseau existant, où les systèmes WDM sont
déjà en place ; l'absence d'interfaces optiques électroniques sur le brasseur
suppose une technologie de cœur de machine tout optique. Cette solution offre
a priori un gain économique important, mais pose le problème de la
localisation des fautes et de la gestion de performance au sein de la machine de
brassage.
Deux observations doivent être notées:
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La première est relative à la
fonctionnalité du brasseur au cas où des systèmes de transmission de type
Ultra Long Haul (ULH) sont utilisés. Dans ce cas particulier, les longueurs
d'onde transitent dans le nœud sans subir de conversion optique électrique, ce
qui justifie l'intérêt économique de cette approche. Mais l'absence de
conversion de longueur d’onde limite l'utilisation de la bande passante à
cause des conflits de longueurs d'onde dans l'allocation des ressources. Des
solutions de conversion de longueur d'onde tout optique pourraient compléter la
fonction de brassage, si toutefois elles s'avèrent compatibles avec l'ingénierie
a priori complexe des réseaux basés sur les systèmes ULH.
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La seconde observation est relative aux schémas de
sécurisation possibles. Admettant que la localisation des fautes demeure un
problème avec ce type d'approche, la plupart des solutions de ce type envisagent
aujourd'hui de se limiter à une restauration de bout en bout. Il ne semble pas
que cette contrainte supplémentaire pénalise considérablement l'utilisation des
ressources de réserve du réseau par les mécanismes de restauration mis en œuvre
par les brasseurs.
Plus que des options, ces solutions techniques
représentent des approches différentes dans la conception de la couche optique.
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La première correspond à la mise en place d'une
frontière clairement matérialisée entre le système de transmission et le nœud de
brassage. Chacun dispose de ses propres informations de gestion recueillies aux
interfaces. C'est sans aucun doute la solution la plus coûteuse.
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La seconde option est attrayante, mais existe déjà pour
les équipements SDH et n'a pas connu un franc succès, en particulier parce
qu'elle sous-entend un même équipementier fournisseur des systèmes de
transmission et des nœuds du réseau.
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la troisième solution, souvent mentionnée comme solution de
"nœud transparent" est attrayante sur le plan économique, mais pose plusieurs
problèmes. D'une part elle conditionne le choix de la technologie de cœur de
matrice, nécessairement O/O/O. D'autre part, les problèmes posés par la
localisation des fautes et la gestion des signaux en transit la mettent en
rupture avec les principes classiques de gestion des réseaux.
Rappelons cependant que les amplificateurs optiques
sont eux aussi des équipements transparents, dont la gestion repose sur des
critères autres que l'analyse de qualité des signaux les traversant. Pourquoi
devrait-il en être autrement de brasseurs optiques transparents ?
Quel niveau de brassage ?
La possibilité de brasser des affluents de niveau inférieur à la
longueur d'onde est une option présente dans certains équipements au niveau des
interfaces d'accès. Cet élément d'appréciation doit être analysé en regard
de l'impact sur la taille du brasseur, l'économie, et l'architecture du réseau.
L'idée de base consiste à offrir au client un accès à la couche optique
via une interface de débit inférieur à la longueur d'onde. Le multiplexage
(temporel) du débit du client sur une longueur d'onde est géré par la machine de
brassage optique. Cette fonctionnalité, dite de grooming, étend la création
d'une couche de liens de niveau longueur d'onde en intégrant l'agrégation des
flux jusqu'au débit du canal optique. Cette option est tout à fait compatible
avec une technologie de cœur de machine électronique, s'appuyant sur la
hiérarchie de multiplexage SDH en l'occurrence.
L'analyse technique de ce
problème pose la question de la faisabilité d'une couche brassée multi niveaux
s'appuyant sur un plan de commande unique. La complexité engendrée par la
gestion des ressources et des différents types d'affluents risque-t-elle de
faire perdre le bénéfice annoncé par l'automatisation du plan de commande et
l'intelligence du réseau ? L'analyse économique peut être comprise à deux
niveaux:
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A court terme, cette option semble tout à fait intéressante car elle
permet de répondre à des demandes de plus bas débit que la longueur d'onde.
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A
plus long terme, dans l'hypothèse où la longueur d'onde deviendra l'unité
de bande passante majoritaire dans la couche optique (tant entre routeurs qu'en
tant que liaison louée), l'utilisation de la fonction de grooming risque de
perdre son intérêt, l'équilibre économique étant favorable à un réseau structuré
en réseau d'agrégation et réseau express avec des fonctions de nœuds
organiquement disjointes.
Tout repose sur l'hypothèse de volume total des
demandes et de la part de demandes de niveau inférieur à la longueur d'onde.
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